Autour du roman
Driss Chraïbi - Biographie
Driss Chraïbi est l’un des grands écrivains marocains de langue française.
Né en 1926 à Mazagan (aujourd’hui El-Djadida), il fait ses études à Casablanca, avant de partir pour la France en 1945 pour étudier la chimie. Il fait ensuite tous les métiers avant de devenir
ingénieur.
En 1954, il publie son premier roman, Le Passé Simple. Le roman, loin des clichés habituels que l'on retrouve tant chez les auteurs occidentaux qu'orientaux, est très bien accueilli par
la critique française. A l'inverse, il est assez mal reçu par les intellectuels marocains qui l’accusent de trahir son pays par ses critiques acerbes de la société traditionnelle. Ce n’est qu’en
1967, lorsque la revue Souffle lui consacre son premier numéro, qu’il est finalement réhabilité dans son pays.
Quoi qu’il en soit, Le Passé Simple marque le début d’une brillante carrière d’écrivain (une quinzaine de livres en tout) au court de laquelle Driss Chraïbi s’essayera à différents
genres. Par exemple, il écrira des romans historiques qui le rapprocheront du Maroc, mais gardera son humour féroce pour une série de romans policiers plutôt loufoques dont le personnage central
est l’inspecteur Ali.
Au court de sa vie, il a reçu de nombreux prix littéraires dont celui de l'Afrique méditerranéenne pour l'ensemble de son œuvre en1973 ; le Prix de l'amitié franco-arabe, en 1981…
Driss Chraïbi est mort en France en avril 2007.
La Civilisation, ma mère !...
La Civilisation, ma mère !... est un roman de Driss Chraïbi publié en 1972.
Il y aborde des thèmes qui parcourent l’ensemble de son œuvre ; tels que la place de la femme dans la société, le tiraillement entre modernité et conservatisme de la société marocaine ou encore
un questionnement profond sur les valeurs de la civilisation.
Résumé
Nous sommes dans le Maroc des années trente. Deux frères issus d’une famille traditionnelle, veulent que leur mère devienne une femme moderne. Ils vont donc tout faire pour lui faire découvrir
les progrès de la civilisation.
Découpage
Le roman est découpé en deux grandes parties. Une première partie en dix chapitres intitulée « Être » et une seconde partie en sept chapitres intitulée « Avoir ».
Dans la première partie la parole est donnée au cadet qui raconte l’histoire de sa mère jusqu’à ce qu’il parte pour Paris. C’est alors son frère aîné Nagib qui devient le narrateur à travers une
lettre qu’il écrit à son frère.
La première partie revient sur l’enfance de la mère : orpheline, elle est adoptée par des parents bourgeois et devient bonne. Puis elle se marie à treize ans à un autre bourgeois qu’elle ne
connait pas. Elevée dans la tradition marocaine, elle n’a alors qu’un souci : remplir ses fonctions de mère et d’épouse.
Mais son monde commence à vaciller quand arrivent dans la maison les produits de la civilisation (téléphone, radio…). Même si elle ne comprend pas ces objets, leur venue va lui offrir une fenêtre
inespérée sur le monde extérieur.
En cachette du père, commerçant prospère, ses fils décident alors d’ « éduquer » leur mère. Ils lui offrent des vêtements occidentaux et la font sortir de la maison qu’elle n’avait pas quittée
depuis son mariage. Elle découvre alors les nouveautés culturelles et techniques, comme le cinéma ou le téléphone. Celles-ci transforment son existence mais aussi sa façon de penser.
Dans la seconde partie, Nagib a abandonné ses études et continue de partager des moments de découverte avec sa mère.
Cette dernière s’émancipe de plus en plus. Elle adhère aux mouvements de libération des femmes et s'intéresse au combat pour l'indépendance de son pays. Elle va même jusqu’à rencontrer le général
de Gaulle.
Elle accède enfin à l’enseignement et passe son BAC et son permis.
Finalement, elle décide de quitter le pays et le père pour rejoindre son fils cadet en France.